Ce sera probablement le titre du prochain numéro spécial de la revue Earthquake Spectra publiée par le Earthquake Engineering Research Institute, comme on l'a fait déjà pour tant de séismes. Haïti n'a pas échappé au scenario classique: d'abord les medias tentent de parler aux quelques rares sismologues « de service » pour essayer de comprendre ce qui s'est passé, on lance ensuite des reporters sur le terrain pour filmer les dégats, les gens désemparés. On braque avec impudeur des micros et des caméras sous le nez larmoyant de mères qui cherchent en vain leurs enfants. Puis ce sont les entrevues des héros secouristes avec leurs chiens cynophiles, et des médecins avec ou sans frontières, français ou canadiens qui sont arrivés à la rescousse tels des supermen de la compassion, et non contents d'exhiber fièrement leur générosité de bénévole, trouvent un coupable, bien sûr et comme toujours américain, pour les bâtons dans les roues qui les empêchent d'agir efficacement. Ensuite, c'est la parade des artistes qui vous offrent un « concert » caritatif gratos, contre les quelques dollars que votre bon coeur voudra bien verser.
Haïti occupe la moité de l'ile d'Hispanola. L'autre moitié, c'est la République dominicaine, la destination-soleil la plus populaire au Québec avec Cuba. La République dominicaine a de belles plages comme Haïti, elle a des sols fertiles dans lesquels pousse la canne à sucre, on y distille d'excellent rums que nos Tabarnakos rapportent dans leur valise, et il y a très peu de pauvreté. Alors pourquoi toute cette misère en Haïti, sur la même île? Retracer l'histoire de ce peuple malheureux depuis sa colonisation, c'est trouver la réponse.
Les médecins, les pompiers, les sauveteurs, les journalistes , les politiques et même les sismologues y trouvent leur compte, car l'image de leur profession n'en est que davantage glorifiée. Mais qu'en est-il des victimes? On leur accorde une aide immédiate et ponctuelle, mais comment reconstruira-t-on? Allons nous commettre les erreurs du passé comme à San Francisco où l'on avait promis de ne jamais rien reconstruire dans la Baie suite à la catastrophe de 1906? Les tremblements de terre ne tuent pas; seules les constructions humaines soumises aux efforts sismiques excessifs tuent. Haïti a besoin de nourriture, de tentes et de couvertures, et c'est urgent. On a aussi besoin de personnes généreuses certes, mais aussi douées de connaissances techniques et scientifiques pour faire qu'à moyen et long terme, ce peuple regagnera au soleil un place meilleure encore que celle que les colonisateurs français puis dictateurs locaux qui se sont succédés sur leur sol ont bien voulu leur accorder. Il faudra donc davantage que de nouvelles normes sismiques. Il faudra les efforts combinés du peuple haïtien et des nôtres.
lundi 25 janvier 2010
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